Ecc 8.15 & Ecc 9.7-10
Constat 7c : Il y a quand même un bonheur : celui des bonheurs simples et passagers.
« … j’ai fait l’éloge de la joie… » (8.15), « Va, mange ton pain dans la joie et bois ton vin d’un cœur content… » (9.7), « Jouis de la vie avec la femme que tu aimes… » (8.9).
L’Ecclésiaste met en balance la réalité d’une vie dérisoire et la richesse d’une joie même éphémère. La joie s’appuie sur des petits « rien », le pain quotidien, le vin (on entend presque le Notre Père et la proclamation de la Sté-Cène).
Est-ce que je sais ce que je mange quand je mange ou est-ce que j’avale au plus vite pour passer à autre chose ?
On se souvient qu’il s’est moqué, par deux fois, de ceux qui cherchent des femmes, il précise ici sa pensée ; la joie, c’est d’aimer une femme. Aimer, donner, vivre sont des sources de joie bien plus sures que les grandes ambitions.
L’Ecclésiaste ajoute une joie de plus, celle de l’action, de la réflexion qui porte du fruit. Car dit-il, la mort vient et tout s’arrête. Il y aura un temps pour le repos, profitons des occasions que Dieu nous donne sous le soleil.
« Il sacralise ce qui, ailleurs, reste avant tout profane. Ici la joie humaine n’est pas simplement un moyen d’oublier les déboires de la vie et la hantise de la mort, mais la volonté de Dieu lui-même. Nos limites elles-mêmes nous appellent à la joie. Ces réalités profanes comme le manger, le boire, l’élégance, les vêtements et l’amour conjugal, deviennent sous la plume de Qohélet, la religion elle-même. Dieu y trouve sa joie. Et même il la précède (v.7). […] ce ne sont pas simplement des bonheurs permis ou tolérés, mais des bonheurs demandés, commandés par Dieu à l’homme. » A.Maillot
Ecc 9.11-10.1
18e constat : Souvent nous donnons notre confiance sur de mauvais critères.
L’Ecclésiaste décrit ici des « déviances » si souvent observées dans notre société… Il a maintes fois répété que la sagesse, c’est écouter les conseils (même lorsqu’on a beaucoup d’expériences). Il dresse ici une liste des comportements qui perturbent notre écoute des conseils :
- Ce ne sont pas toujours les meilleures qui gagent… et trop souvent nous écoutons ceux qui montrent leurs réussites. Le sot est parfois plus écouté que le sage. L’épidémie nous a rappelé que ceux, qui parlent le plus, ne sont pas forcément les plus nécessaires et les plus méritants. Saurons-nous, nous en souvenir ?
- On a tendance à baisser trop vite les bras devant les « forts », alors même que l’on a souvent observé que la sagesse (ou la ruse) peut les vaincre.
- On écoute plus facilement les riches que les sages. « la sagesse du pauvre est méprisée ».
- Une voix calme est mieux écoutée que des cris, un discours habile passe facilement pour la vérité, au détriment d’une analyse du contenu.
- Parfois on n’écoute pas un chef, simplement parce qu’il est le chef. L’Ecclésiaste ne se gêne pas de nous traiter d’insensés.
- Un peu de folie suffit parfois à renverser beaucoup de sagesse, un peu de péché à renverser beaucoup de bien. Il utilise l’image d’une petite mouche qui fait tourner un tonneau d’huile, Jésus préférera l’image du levain. Sans doute, il pense ici à Adam et nous à Ro 5.15.
En commentant 10.1 A.Maillot écrit : « il introduit une hiérarchie qui est à peu près celle-ci : il y a 90% d’imbéciles, 9% de sages, et 1% de vrais sages, ceux qui savent ajouter le piment d’un peu de folie. Il ne faudrait pas oublier qu’ailleurs il a recommandé de ne pas être trop sage ni trop fou (7.17).